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Histoire & Patrimoine en Haut Berry Giennois
13 février 2016

Les vitraux de l'église de Châtillon-sur-Loire - partie 1 : la nef

JPPM 2015, affiche du 3e Rallye-Patrimoine du Giennois.

Le 14 juin 2014, jorganisais avec la SHAG (Société Historique et Archéologique du Giennois) le 3e Rallye-Patrimoine du Giennois dans le cadre des 17e Journées du Patrimoine de Pays et des Moulins. Cette manifestation nationale, d'initiative associative, moins célèbre et moins ancienne aussi que son fameux pendant, les Journées Européennes du Patrimoine, qui se tiennent traditionnellement le 3e week-end de septembre, est organisée le 3e week-end de juin. Elle ouvre la saison quand les JEP la referment. Les Journées du Patrimoine de Pays se proposent surtout de mettre en avant un patrimoine rural, modeste, peu connu ou spécifique. 

L'édition 2014 se tenait sur la thématique "Couleurs et lumière". Nous sommes donc partis à bord des mini-bus mis à notre disposition par la ville de Gien, à la découverte des mosaïques, des dallages, des peintures et des vitraux qui font châtoyer nos monuments, à Gien et dans sa région. Un patrimoine important, riche et totalement méconnu. Très peu de recherches ont eu lieu à ce sujet, particulièrement dans la région, aussi ce circuit qui nous emmenait de Gien à Germigny-des-Prés, en passant par Briare, Châtillon-sur-Loire, Saint-Brisson-sur-Loire, Cerdon, Sully-sur-Loire et Saint-Benoît-sur-Loire, m'a-t-il demandé un gros travail de préparation. Je pense d'ailleurs qu'il donnera lieu à la publication d'un article spécifique dans un prochain bulletin de la SHAG et à quelques billets sur ce blog. En voici un premier avant-goût avec un aperçu des vitraux de l'église de Châtillon-sur-Loire.

Eglise Saint-Maurice de Châtillon-sur-Loire, la nef centrale et le choeur, vus de l'Ouest. (Photo A. Estienne)

L'église  Saint-Maurice de Châtillon-sur-Loire est une construction néo-gothique du dernier tiers du XIXe siècle (1877-1879). Bien que de notre point de vue elle ne soit pas à ranger dans la catégorie bien chargée des horreurs infâmes que le XIXe siècle a eu le chic de substituer à nombre d'églises médiévales assurément mieux bâties et souvent sauvables, en dépit des imprécations des uns ou des autres, l'église Saint-Maurice ne mériterait guère de retenir l'attention s'il n'y avait ses verrières. 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, verrière sud du bras sud, le Christ ressuscité apparaissant à la Vierge et aux apôtres, détail. (Photo A. Estienne)

D'une qualité et d'une diversité étonnantes, ces verrières, notamment celles du choeur et du transept, de grandes dimensions, portent les signatures de certains des meilleurs artistes et artisans verriers de leur époque, et font littéralement de l'église de Châtillon un petit temple de la couleur, un musée de la peinture sur verre de la fin du XIXe siècle et du premier tiers du XXe siècle.

Eglise de Châtillon-sur-Loire, verrières du transept, signature de l'atelier Mauméjean. (Photo A. Estienne)     Eglise de Châtillon-sur-Loire, verrières du choeur, signature de Jules Boulanger. (Photo A. Estienne)     Eglise de Châtillon-sur-Loire, verrières du choeur, signature d'Auguste Perrodin. (Photo A. Estienne)           

Ces vitraux et vitreries, tous figuratifs, paraissent issus d'au moins deux campagnes différentes. La première pourrait avoir concerné simultanément la nef et le choeur. Dans ces deux espaces en effet, bien que de qualité radicalement différente, et ayant été exécutées par des artistes différents, les verrières semblent contemporaines entre elles. Il s'agit vraisemblablement d'oeuvres commandées sur concours à l'issue du chantier de reconstruction de l'église dans les années 1880. Le transept, quant à lui, présente des oeuvres radicalement modernes, se rattachant clairement au style et à la période Art Déco, ce qui les situe entre les années 1930 et 1950.

  • Les vitraux de la nef

Premiers rencontrés par le fidèle ou par le visiteur profane, les vitraux de la nef sont aussi à dire vrai les moins remarquables quoique d'une qualité tout à fait correcte. Ils présentent plusieurs thèmes, parfois développés sur deux verrières. On y trouve Jeanne d'Arc, saint Louis, saint Maurice, patron de l'église, sainte Solange, patronne du Berry, saint Posen, patron de la paroisse, saint Vincent, patron des vignerons, et saint Eloi, patron des artisans. Le tout est complété par deux roses dans le prolongement occidental des bas-côtés, l'une d'elles étant dédiée au Sacré Coeur, l'autre à Maurice d'Agaune. Enfin il faut citer une verrière placée à l'aplomb du baptistère et représentant le baptême du Christ par saint Jean-Baptiste. Exception faite de ce saint Jean-Baptiste et du saint Vincent, réalisés tous deux par l'atelier parisien Antoine Lusson fils, toutes ces verrières sont issues de l'atelier Charles Lorin, à Chartres.

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail johannique signé Lorin (Photo A. Estienne)Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail johannique signé Lorin (Photo A. Estienne)

Cycle de la vie et du martyre de Jeanne d'Arc (Ch. Lorin, Chartres).

Lancette gauche : partie haute, Jeanne délivre Orléans; partie basse, Jeanne est choisie pour délivrer le pays de l'Anglais.

Lancette droite : partie haute, Jeanne est accueillie au ciel; partie basse, Jeanne est brûlée vive à Rouen.

 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Maurice d'Agaune. (Photo A. Estienne)Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de sainte Solange signé Lorin. (Photo A. Estienne) 

Vie et martyre de saint Maurice; vie et martyre de sainte Solange (Ch. Lorin, Chartres).

Lancette gauche : partie haute, Maurice commandant l'armée des Thébains; partie basse, Maurice et ses hommes sont mis à mort par l'armée de Maximien. Lancette droite : partie haute, décollation de Solange; partie basse, Solange en prière au pied d'un calvaire au milieu de son troupeau à l'arrivée du bourreau.

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Posen. (Photo A. Estienne)Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Posen. (Photo A. Estienne)  

Cycle de la vie de saint Posen (Ch. Lorin, Chartres).

Relativement communes, les verrières de Lusson comme celles de Lorin sont issues d'un travail du verre industriel ou semi-industriel en cette fin de XIXe siècle, ce qui en fait davantage des "produits" que des oeuvres. Comme Charles Lorin, Antoine Lusson avait hérité de l'atelier de son père. Si ce dernier a aujourd'hui disparu, l'atelier Lorin en revanche est toujours en activité, et est aujourd'hui le plus ancien atelier du vitrail de Chartres.

Réalisées en grisailles, les deux verrières de Lusson sont aisément identifiables dans la nef. Une seule est signée mais, comme les éléments végétaux chez Lorin, le décor standardisé des grisailles et des bordures néo-Renaissance permet de les reconnaître.

 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Vincent. (Photo A. Estienne)Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Jean-Baptiste. (Photo A. Estienne)

Les deux verrières signées A. Lusson, Paris : vitrail de saint Vincent, et vitrail du baptême du Christ par saint Jean-baptiste accompagné de la phrase "Hic est filius meus dilectis" (Celui-ci est mon fils bien-aimé, Matthieu III, 17)

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Eloi. (Photo A. Estienne)Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Louis. (Photo A. Estienne)

 

Vitrail de saint Eloi et vitrail de saint Louis.

Lancette droite : partie haute, saint Louis portant la couronne d'épines, entouré d'évêques portant des reliquaires contenant vraisemblablement des reliques de la Vraie Croix. Partie basse, Louis IX rendant la justice sous son chêne.

 Un deuxième ensemble de vitraux est constitué par quatre quadrilobes situés sous la tribune, dans l'avant-nef, de part et d'autre du portail. Le visiteur ne distingue vraiment ces quatre vitraux que sur le chemin de la sortie. Ils mettent en scène les portraits des quatre évangélistes accompagnés de leurs attributs. Jean et son aigle, Luc et son boeuf, Marc et son lion, Matthieu et son ange. Présentant une  belle facture, tant au point de vue du dessin que de la couleur, ces oeuvres agréables ont été réalisées par l'atelier L. Fauché à Orléans qui semble avoir connu une certaine notoriété entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle. 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Jean l'évangéliste. (Photo A. Estienne)

 

Saint Jean.

 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Luc. (Photo A. Estienne)

 

Saint Luc.

 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Marc. (Photo A. Estienne)

 

Saint Marc.

 

Eglise de Châtillon-sur-Loire, vitrail de saint Matthieu. (Photo A. Estienne)

 

Saint Matthieu.

 

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