Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Histoire & Patrimoine en Haut Berry Giennois
25 juin 2010

Les dessous de Saint-Brisson, 2e partie

Comme nous l’avons vu à l'occasion de la première partie de cet article, la culture de la vigne, probablement apparue très tôt sur le coteau, se développe particulièrement sous la houlette des moines bénédictins du prieuré. Au XIIIe siècle le bourg compte de nombreux vignerons. La cave du château stockait dès cette époque le vin reçu en paiement des impôts. Le prieuré percevait lui aussi le cens[1] sur les terres qu’il concédait en tenure[2], ainsi que la dîme sur la majeure partie du bourg. On ignore cependant quel type de bâtiment stockait leur produit au XIIIe siècle.

 

 

 

A partir du milieu du XVe siècle en revanche une importante cave va y pourvoir. Elle est aménagée à l’occasion des travaux de construction du logis du prieur[3], entrepris par Charles Quinquet vers 1450. Cet édifice, constitué d’un corps de logis principal, flanqué, en façade sur cour, d’une tourelle d’escalier hors œuvre pentagonale, elle-même construite en briques bicolores formant une treille de losanges, est aujourd’hui le dernier élément restant de ce prieuré millénaire et sans doute l’une des plus belles demeures de Saint Brisson. La cave de ce luxueux édifice est à double niveau et couvre toute la longueur du corps de logis.

 

 

 

 

 

Le premier niveau de cave, dont l’entrée d’origine ouvre plein Est au pied du mur pignon[4], bien que totalement sous le niveau du sol, n’est pas voûté mais plafonné ; d’imposantes poutres de chêne d’une portée d’environ 7m, soutenues en leur milieu par un poteau de bois doublement contre-potencé reçoivent chacune une série de solives et supportent ainsi le sol du rez-de-chaussée ; le tout formant un plafond à la française comme il s’en trouve par ailleurs dans les niveaux d’habitation de la maison. Dans l’axe de l’entrée de ce premier niveau se trouve l’escalier descendant au second ; disposition à l’évidence destinée à faciliter la descente et la remontée des fûts de vin. Ce second niveau suit la même orientation que le précédent mais contrairement à ce dernier son plafond est fait d’une voûte maçonnée en arc surbaissé. A proximité immédiate du débouché de l’escalier d’accès et à gauche, une petite porte surmontée d’un arc en plein cintre donne accès à un minuscule réduit circulaire voûté en coupole qui forme la cave de la tourelle d’escalier.

 

 

Très différente des caves gothiques du XIIIe siècle que nous évoquions en première partie, cette construction, large et profonde, présentant une voûte en berceau lisse et surbaissé, préfigure le type même de la cave vigneronne qui perdurera sans grand changement jusqu’au XIXe siècle. Il existe au moins un exemple proche dans les environs immédiats, il s’agit de la cave de Mancy, elle lui est cependant postérieure de plus d’un siècle et ne présente qu’un niveau.

 

 

 

La construction de caves aussi vastes demande des fonds relativement importants et des ouvriers spécialisés, capables de mettre en œuvre des voûtes de faible hauteur et néanmoins d’une assez grande portée dans une région où le voûtement apparaît comme une pratique peu répandue[5]. C’est pourquoi ces grandes caves demeurent cantonnées à des commanditaires tels que le prieur ou le seigneur de Mancy, propriétaires fonciers d’une certaine importance.

 

 

Prieur___escalier_vers_2e_niveau_de_cave_compress_

Escalier d'accès au deuxième niveau de cave de la maison du prieur.

 

Prieur___porte_de_la_pi_ce_en_soubassement_de_la_tourelle_d_escalier_hors_oeuvre_dans_le_2e_niveau__cave_compress_

Maison du prieur, 2e niveau de cave, porte de la cave de la tourelle d'escalier.

Mancy__la_cave_vo_t_e_compress_

Mancy, cave voûtée.

 

 

 

[1] Equivalent médiéval de l’impôt foncier.

 

 

[2] Tenure : Terre donnée moyennant une redevance annuelle, transmissible ou non par héritage.

 

 

[3] Supérieur d’un petit établissement ecclésiastique régulier n’ayant pas le statut de monastère ou d’abbaye.

 

 

[4] Mur triangulaire dans sa partie la plus haute supportant la charpente.

 

 

[5] On lui préfère en effet d’une manière générale le plafond ou même la voûte de bois sous charpente pour les édifices importants comme l’église de Saint-Brisson originellement.

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Newsletter
Publicité
Histoire & Patrimoine en Haut Berry Giennois
Archives
Publicité